La conférence-débat de Jacques Lecomte sur la résilience
C'est dans un amphithéâtre bondé que Jacques Lecomte est venu présenter une conférence-débat le mercredi 21 octobre. Après Jean Furtos et la conférence sur la précarité et l'auto-exclusion, l'Association Emmaüs et l'Ecole Normale Supérieure ont décidé d'offrir la parole à un ancien travailleur social, docteur spécialiste en "psychologie positive", sur son thème de prédilection : la résilien
21.10.2009Qu’est ce que la résilience ? Pour en donner une définition simple, la résilience est le processus de reconstruction qui intervient après de graves difficultés ou traumatismes. « Ce n’est pas un état, c’est un processus qui connaît des hauts et des bas » martèle Jacques Lecomte. Et pour cause, ce que nous pourrions appeler « échec » n’est selon lui, qu’une étape dans un long processus, une étape essentielle dans la reconstruction personnelle.
Bâti autour de témoignages de personnes ayant su transformer leur souffrance en force, Jacques Lecomte s’est appuyé sur de nombreux travaux scientifiques pour développer sa pensée. Selon ce spécialiste, trois piliers sont essentiels pour se reconstruire : le lien, le sens et la loi. Si la « loi » représente le cadre ; le « lien » le rapport avec autrui, l’amour, le « sens », quant à lui, est l’interprétation que nous pouvons donner aux choses et la direction que nous prenons. Ce triptyque et son interaction sont essentiels dans la vie de chacun, « la base de toute société humaine ».
Tuteurs de résilience et référents
Dans le processus de reconstruction, les enquêtes menées ont révélé que certaines attitudes « de l’autre » sont considérées comme facilitatrices. La manifestation de l’empathie, l’affection, la modestie, la patience, le respect du rythme de reconstruction et l’altruisme sont les principales attitudes « favorables » relevées par le conférencier. « Il ne s’agit pas de faire un catalogue à suivre pour se donner bonne conscience, ces attitudes facilitatrices ont été relevées lors de mes entretiens » précise Jacques Lecomte avant d’ajouter que « les tuteurs de résilience ne savent jamais qu’ils le sont ! ».
Ce concept de « tuteur de résilience » prend racine dans la métaphore de la plante et de son tuteur : il aide la plante à pousser puis se desserre tout au long de sa croissance. « Ne peut-on pas considérer le travailleur social comme tel? » demande alors une intervenante. « Attention au mythe de la toute puissance du travailleur social ! Le travailleur social est un référent mais pas toujours un tuteur de résilience » répond Jacques Lecomte. L’orateur précise que « tuteur de résilience » ne fera jamais l’objet d’un diplôme universitaire mais qu’il est un symbole de notre « commune humanité ».
Avant de conclure, le rôle du travailleur social est abordé. Les écoles de travailleurs sociaux mettent souvent en avant le concept de la « distance professionnelle ». Jacques Lecomte déclare que ce principe peut être en opposition avec les attitudes facilitatrices de résilience. « Il faudrait associer et équilibrer la distance professionnelle, comme outil de protection de l’accompagnant, à la bonne proximité humaine qui facilite la résilience ».
D’exemples édifiants en métaphores hautes en couleurs, Jacques Lecomte transmet son expérience, sa foi en notre humanité. Passionnant.
Un livre issu de cette conférence sera disponible dès février prochain.