Libération – « Les pauvres encore plus fragiles en ville pendant l’été »
Pour un peu, on se marcherait sur les pieds. A 17 heures, le centre de distribution de l’église Saint-Joseph-Artisan, dans un quartier populaire du nord-est de Paris, vient à peine d’ouvrir qu’il est déjà pris d’assaut.
En août, la précarité des plus pauvres augmente dans les villes, avec moins de places d’hébergement et d’aide alimentaire. La solidarité jouant moins, les associations doivent mieux se coordonner.
10.08.2014Dans un coin, quelques enfants dessinent sagement tandis que leurs parents patientent pour recevoir un sac d’aide alimentaire, équivalent à deux repas quotidiens par membre de la famille.
Mais malgré ses 200 mètres carrés, le centre ouvert par Août Secours Alimentaire manque de place pour accueillir convenablement son millier de bénéficiaires quotidiens, envoyés ici par des associations fermant leurs portes au mois d’août.
«C’est fermé partout ailleurs. Sans eux, on serait obligés de se débrouiller avec ma petite retraite», confie Eugène, 77 ans, venu du Val d’Oise avec son ami Georges, tandis que des dizaines de familles attendent encore à l’extérieur du centre.
L’été, trouver où manger n’est pas le seul souci des personnes en difficulté. D’une année sur l’autre, tandis que près de 50% des demandes d’hébergement de SDF au 115 reçoivent une réponse négative l’hiver, ce taux monte en flèche après le 31 mars et la fin de la trêve hivernale. En 2013, année record, il avait même atteint 76%.
«Environ 8.000 places ouvertes pendant l’hiver ferment à partir du 31 mars en France. Pourtant, les demandes d’hébergement ne baissent pas», note Florent Gueguen, directeur général de la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars).
– «La vie dans la rue est aussi dure l’été» –
«Nous ne fermons aucune de nos 64 structures d’accueil en France», insiste toutefois Bruno Morel, directeur général d’Emmaüs Solidarité. Mais l’association, qui propose 425 places d’hébergement d’urgence à Paris durant l’hiver, a vu ce chiffre tomber à 255 places depuis avril.
«On a pu pérenniser trois structures et 170 places mais je regrette toujours une gestion au thermomètre» de la part de l’Etat, qui finance davantage de structures l’hiver. «Pourtant, la vie dans la rue est aussi dure l’été.»
En avril, l’important centre d’hébergement d’urgence de la Villette, dans le nord-est de Paris, a fermé ses portes pour laisser place à des logements sociaux.
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Photographie: des membres de l’association « Août secours alimentaire » distribuent de la nourriture à Paris le 7 août 2014 (Photo Fred Dufour. AFP)