Une matinée avec Emmaüs auprès des sans-abri, article publié sur Libération.fr du 19 juillet 2013.
REPORTAGE / L'été, quand les places dans les centres d'hébergement se font plus rares, l'association tente de garder le lien avec les SDF. «Libération» a suivi deux maraudeurs en plein centre de Paris.
19.07.2013Gourdes, bouteilles d’eau, thermos, sachets de sucre, gobelets. Quelques clopes aussi. Le sac des maraudeurs d’Emmaüs-Solidarité est prêt – le café et la cigarette, ce sont leurs outils de travail : les tenailles qui ouvrent une discussion. En ce jeudi matin, comme tous les jours, Olivia et Matthias partent à la rencontre des « grands désocialisés », ces sans-abri qui ont souvent passé plus d’une décennie dans la rue. Ils tentent de les convaincre de passer à l’Agora, le centre d’accueil de jour d’Emmaüs-Solidarité en plein centre de Paris, à la sortie du métro Châtelet. De là, après une douche, une collation et un peu de repos, peut débuter l’accompagnement, alors qu’ils ont renoncé depuis longtemps à aller vers les services d’aide. Avec peut-être, au bout d’un long processus, la réinsertion. « Mais pas d’assistanat, insiste Rachid Benferhat, directeur du territoire Paris à Emmaüs. On leur donne seulement des moyens de s’en sortir ».
L’hiver facilite le suivi. Les dispositifs d’hébergement à la nuit sont élargis, le froid pousse les SDF les plus réticents vers les structures. L’Etat fait des efforts, dans l’urgence : « Les autorités veulent éviter les drames », commente Rachid Benferhat. Puis les beaux jours reviennent, de nombreux centres d’hébergement ferment, et les sans-abri retournent à la rue. Le travail social est interrompu. Les maraudeurs tentent de conserver le lien.
Suite du reportage en plein cœur de Paris
Par Guillaume Gendron
Crédit photo : Joel Saget AFP.