
Noël en silence pendant nos maraudes
Les conditions météorologiques entraînent une intensification de son travail, en particulier vers les plus isolé·es : “en maraude, on va à la rencontre de celles et ceux qui ne se rendent pas dans les structures d’aide et d’accueil, en raison souvent d’une défiance envers les institutions, ou tout simplement d’une forme de paralysie propre aux parcours de rue et à l’isolement.”
Car l’expérience de la rue est une expérience violente de “déréalisation”, c’est une épreuve où la réalité elle-même semble s’effacer : le monde devient flou, étranger et la personne, déjà fragilisée, perd ses repères les plus fondamentaux. “Une fracture qui peut effacer jusqu’à l’identité et paralyser le corps”.
Pendant les fêtes, les équipes de maraude adaptent leurs horaires. Selon les besoins, elles offrent divers produits, “sans imposer de symbolique”. Les radios sont appréciées. “Ce sont des gestes simples, mais ils répondent à des besoins concrets et, parfois, à des désirs spécifiques.
Car “Noël” peut évoquer un lien tendre ou familial, mais aussi inaccessible. Cela peut être une période difficile pour celles et ceux qui ont perdu des attaches ou n’en ont jamais eu. Cette fête rappelle ce qu’ils n’ont pas ou plus : une famille, une maison, un quotidien partagé… Pour d’autres, c’est une journée comme une autre, marquée par le froid et les repères modifiés dans la ville. Mathias le résume d’ailleurs en quelques mots : “Le 25 décembre l’ambiance n’est pas la même pour les exclu·es ; les rues sont vides”.
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