EMMAÜS Solidarité
RAPPORT ANNUEL 2015 5
Les Journées Solidarité Entreprises ont continué à se déve- lopper. Une évolution de l organisation géographique et territoriale plutôt que verticale par métier a été mise en place et perfectionnée ensuite et semble plus rationnelle et plus efficace. Un guide de prévention et de traitement de la vio- lence, problème malheureusement récurrent, a été élaboré. Parallèlement, l association s est lancée avec succès dans le chantier de la rédaction de procédures communes de travail.
emmAüs solidarité s est fortement mobilisée pour la préparation de la « nuit solidaire pour le logement » organisée en février 2015. Cette année a été marquée par quelques évènements clés que je rappellerai brièvement. Avec l afflux des personnes migrantes, l État a fait un effort remarquable pour trouver de nouvelles places d hébergement dans un temps très court. Même si nous jugeons cet effort insuffisant, nous devons le reconnaître. EMMAÜS Solidarité a participé activement à toutes les opérations d hébergement des personnes en campement (13 opérations en 2015) sous deux conditions impératives qu elle a imposées : priorité au travail social et pas de violences policières d une part, égalité de traitement entre personnes migrantes et publics traditionnels de l hébergement social d autre part. Ces condi- tions ont été le plus souvent respectées. Lorsqu elles ne l ont pas été, nous nous sommes retirés, à l exemple d une récente évacuation début mai 2016. Notons au passage que la gestion des nouveaux centres d hébergement confiée à notre association nous a amenés à recruter massivement et rapidement. En quelques années nous sommes passés de 400 à près de 600 salariés aujourd hui. La création du Fonds national d aide à la pierre semble sonner le glas de l aide de l état au logement social, les HLM étant priés de s aider par eux-mêmes. Le dispositif dit des « Premières heures » a été expérimenté avec succès lors d une action culturelle avec la Villette, préfigurant ainsi d autres actions d accès à l emploi.
QUE CoNCLUrE DE ToUT CELA ? Tout d abord et à contre-courant de la conjoncture éco- nomique et budgétaire générale, nous avons affirmé notre capacité à assurer notre équilibre financier et ainsi la pérennité de notre action. Dans le Mouvement Emmaüs on a tendance à dire que le social passe avant l économique. C est une fausse évidence. Nous ne cherchons ni à thésauriser des réserves financières ni à perdre de l argent. Nous devons d autant mieux gérer les fonds reçus qu ils proviennent de financements publics, donc des contribuables, mais aussi de contributions des donateurs. Aujourd hui c est un acquis.
Même si tous n en sont pas convaincus, la question sociale ne se pose plus dans les termes de 2010. Des efforts mutuels considérables ont été accomplis pour améliorer les conditions de travail, rendre plus pertinente la politique des recrutements et des départs, compenser la rigueur salariale imposée par les pouvoirs publics par d autres avantages, en espérant plus de souplesse dans l avenir. L évolution de l organisation semble satisfaire la majorité des salariés. La Direction Générale pourra encore l adapter si nécessaire. Mais globalement notre asso- ciation est désormais en état de marche pour fournir un service de qualité aux personnes accueillies.
À partir de cette base solide il faudra innover car tout va évoluer, les caractéristiques des personnes (on voit bien que les personnes migrantes et les publics traditionnels n ont pas systématiquement les mêmes besoins), mais aussi les ambitions de l insertion. Les expériences d Aurillac et d orléans visant à installer en province des personnes à qui nous proposons un emploi et un logement constituent des perspectives d avenir. Elles correspondent à l esprit de l accompagnement global, l un de nos axes stratégiques. Après l accès aux soins nous devons faire davantage pour l accès à l emploi, sur lequel nous sommes débutants. Et si l insertion par l économie traditionnelle constitue un passage obligé, il nous faudra aussi développer nos propres emplois, notamment en matière de collecte et revente d objets donnés ou récupérés, où des marges de développement sont encore considérables. Après l accès à l emploi il y aura un thème de développement, la réponse au besoin de culture, déjà enga- gée puissamment par la mission menée par Hélène Thouluc.
La pluralité des publics nous obligera à pratiquer plusieurs métiers en fonction de ces caractéristiques. Notre compé- tence est reconnue désormais et nous devons, pour nos publics et pour nos partenaires, la maintenir et la dévelop- per aussi bien par la formation que par le développement d initiatives nouvelles. L arrivée de nombreuses personnes migrantes modifie aussi l équilibre entre l accueil d urgence et les démarches d insertion.
Les relations avec les pouvoirs publics doivent s adapter à un contexte politique changeant, rester ouvertes à tous les accords possibles mais ne pas transiger sur nos valeurs fonda- mentales comme l accueil inconditionnel ou le refus de toute violence policière. Notre capacité de contestation doit rester intacte. Si les pouvoirs publics nous financent, c est qu ils ont besoin de nous. La participation au Collectif des Associations Unies (CAU) continuera à nous y aider. Nous sommes encore loin d avoir l influence et le poids nécessaires pour convaincre les décideurs politiques de mettre en application un véritable plan de lutte contre l exclusion sous toutes ses formes et une aide aux plus pauvres qui puisse en même temps relancer notre économie. Ce combat est toujours devant nous.
Le bénévolat et la participation des personnes hébergées sont des thèmes sur lesquels nous pouvons encore progresser. ils sont profondément politiques, au sens d un projet social alternatif.
Enfin la résistance aux extrémismes, aux racismes et aux manifestations autoritaires ou violentes doit se poursuivre. Nous devons l exprimer à chaque occasion, y compris en cas de violence verbale dans les beaux arrondissements de Paris.
Nous ne sommes pas seulement un recours et un espoir pour les plus faibles lorsqu ils ont tout perdu, nous sommes aussi les défenseurs d un modèle de société solidaire qui s oppose à un autre modèle marqué par l égoïsme, les inégalités et la violence des rapports sociaux. Sachons porter bien haut l étendard de nos valeurs emmaüssiennes, nombreux sont ceux qui y adhèrent déjà, alors répondons à leur attente !
Nous allons bientôt avoir un nouveau président. Je lui pré- sente mes meilleurs vœux de succès et je ne manquerai pas de lui apporter mon appui en cas de besoin, comme je suis certain que chacun d entre vous le fera.
Le Combat Contre La pauvreté néCessitera enCore queLques efforts, merCi à vous de Le poursuivre tous ensembLe !